Les braves regagnent leurs logis au terme d’une besogne exténuante, le pas vif, semblable à celui du soldat regagnant sa maisonnée une fois l’armistice proclamée. Tandis que les malfrats, eux, surgissent de leurs tanières — vermine grouillante quittant un navire en perdition, à l’image de cette ville livrée trop longtemps à ceux qui ne surent l’aimer comme un joyau. Désormais, elle s’effrite dans une décrépitude aussi désolante qu’injuste.
Mais il est encore des âmes dont le cœur bat avec une ferveur stoïque ; elles s’acharnent, dans un élan de courage et de droiture, à préserver une flamme que la nuit ne consume pas tout à fait. Et pourtant — pourtant ! — l’opposition est partout. Une opposition aveugle, où la folie pousse les hommes d’un même sang à s’entredéchirer, pour le seul crime d’une idée divergente.
Ainsi grince, discordante, une symphonie de haines : le laid s’impose au beau, la cacophonie à l’harmonie, les mauvais songes aux rêves purs. Symptômes d’une décadence qui ne dit pas son nom, d’un peuple qui, naguère, brillait de génie et de culture, et qui n’est plus qu’un brin d’herbe calciné sous l’arrogance d’un soleil trop ardent.


— Dichotomie désolante