Avoir un cheval, c'était mon rêve de gamine. À défaut de pouvoir le vivre, j'ai commencé à jouer à Equideow puis avec le temps, j'ai arrêté de venir sur le jeu et ma partie a été supprimée. J'avais l'élégant pseudo de CaKmou88 et à force de m'obstiner, j'avais enfin réussi à obtenir un pégase licorne. Equideow, c'était la définition du challenge, limite, pour moi, parce que bien sûr, hors de question que ma mère dépense de l'argent. Bref.
Le temps a fait que j'ai finalement eu un cheval, Lory du Moulin. Que de caractère, taquin, n'obéissant qu'aux hommes, il m'en a fait baver comme il m'a beaucoup fait rire, comme la fois où je répétais ma chanson pour le concert des options musique pour le Bac et qu'il s'est mis à danser. Je réponds tout de suite à votre question : je suis loin d'avoir la voix de Blanche-Neige. Puis Lory est décédé pendant mon stage en maison d'édition. À cause de la chaleur et du soleil, apparemment. Je ne l'ai su qu'en rentrant chez moi. Je garde encore précieusement une poignée de ses crins en forme de poupée vaudoo, je les touche de temps en temps et la montre à mes amis pour les faire flipper, parce que je vous jure que j'ai eu ces crins naturellement formés de cette façon.
Mon beau-père a voulu remplacer Lory un peu vite. Bien que j'aimasse énormément m'occuper d'un cheval, même sans monter, je n'avais pas le cœur à faire comme si de rien n'était, à tout de suite remplacer mon premier compagnon équin aussi rapidement. Alors un peu à reculons, j'ai dit oui quand mon beau-père m'a montré la photo du cheval, un Camargue de 12 ans nommé Matrix et nous sommes allés le voir. Et là… coup de foudre. Matrix était le plus frêle de son troupeau. Son dos était recouvert de cicatrices de morsure. Embêté par ses camarades, ce fut presque difficile de pouvoir m'en approcher pour lui donner un morceau de pain sec. Sa crinière et sa queue avaient des dreadlocks, carrément, tellement il était délaissé constamment au pré avec les autres. Petit, fin, curieux, mignon, il a su me toucher et c'est avec plus d'enthousiasme que j'ai répété "oui" quand mon beau-père m'a demandé si on l'achetait. Et c'est ainsi que Matrix est venu vivre avec moi.